James Bond est mort. Vive James Bond ! Avec Mourir peut attendre (2021), Daniel Craig a rangé le smoking et le Walter de manière définitive et pour la première fois de la saga sans point de non retour, voir pour certains une impasse. Avec une telle fin, impossible d'avoir un "retour à la Sean Connery" ou une transition naturelle d'un interprète à un autre comme cela s'est fait depuis 1962.

En effet au terme de sa dernière aventure, notre agent préféré se fait littéralement pulvérisé par des missiles laissant derrière lui sa femme Madeleine et sa famille Mathilde. 
La raison de cette décision inédite dans la franchise ? Le reboot avec Craig et un arc narratif unique de 5 films, déconnecté des 20 autres opus qui a duré 15 ans avec un début en 2006 avec "Casino Royale"et une fin en 2021 avec" Mourir peut attendre" . 
Une idée certes très intéressante en soi, qui permet d'assister à une véritable évolution de personnage, mais qui pose des questions pertinentes sur l'avenir de la saga 007. Une décision radicale qui va obliger EON Productions a réellement trouver LA BONNE IDÉE pour se réinventer (un simple changement d'acteur pour le rôle ne suffira pas). 
En effet, à partir de ce constat que faire pour la suite ?


Un autre reboot sans aucun lien avec les autres films (ou presque) ?

Possibilité plus que probable, à l'image d'une autre icône de la pop-culture : Batman, un héros mythique qui se régénèrent tous les 10-15 ans avec une véritable vision d'auteur et des choix artistiques distincts. Cependant cela risque de trouver ses limites à terme à moins d'avoir de vrais auteurs / artistes aux commandes et de réelles perspectives. Sachant qu'il est impossible de refaire un "Casino Royale" "bis" avec les origines de Bond d'après le roman de Fleming, au risque de se répéter. 

EON PRODUCTIONS peut aussi repartir sur le modèle "mini saga" (ce qui fut le cas avec l'ère Craig même si pour moi certains aspects de continuité et d'anticipation sont discutables.), avec des histoires à suivre pour le nouvel interprète dans le cadre d'une trilogie par exemple avec un début, un milieu et une fin avec un même réalisateur et la même équipe créative, à l'instar de "Star Wars", "Spider-Man" ou la Trilogie "Batman" de Nolan. 

On peut également supposer avoir une nouvelle alitération de Bond qui se veut comme un reboot avec un nouvel acteur, mais qui peut se lier à la "chronologie classique " de 1962 à 2002 car il n'y a pas de contexte spécifique pour ce nouveau film. Donc faire comme pré 2006 avec les 20 premiers films et un changement de comédien de facto, pour repartir sur des opus autonomes comme avant. 

Faire une suite à Mourir peut attendre ? 

Une idée faisable mais complexe à réaliser au vue du départ de Craig et de sa mort dans le film. Solution n°1 ? Utiliser une des idées abandonnée du script d'"Au service secret de Sa Majesté" (1969) pour expliquer au public le changement de comédien entre Connery et Lazenby. James Bond n'est pas mort mais victime de trop graves blessures, il a recourt à la chirurgie esthétique et réparatrice avec un changement de visage pour survivre et reprendre ses aventures. Dans le scénario avorté du film de 1969, 007 était victime d'un horrible accident de voiture causé par le SPECTRE, qui lui causait des blessures irréversibles. Point positif de cette orientation, on garde le casting du Mi6 de la période Craig (M, Q etc.) qui était plutôt bon.

​​​​​​Autre idée ? S'inspirer du roman On ne vit que deux fois de Ian Fleming. Bond n'est pas mort, mais il est récupéré par l'ennemi (au hasard des factions restantes du SPECTRE), subit un lavage de cerveau, change d'apparence et est engagé pour tuer M ou organiser un complot, avant de rejoindre le côté du Bien en fin de film. Un 007 maléfique en somme, du moins jusqu'à un moment pivot du long-métrage. 

Point négatif : cela réduit l'impact de la mort de Bond dans le dernier film et il faut gérer narrativement la suite des événements concernant Madeleine Swann et son enfant. 

Solution n°2

A la fin de Mourir peut attendre, Madeleine explique à sa fille : "Je vais te raconter l'histoire d'un homme. Un homme appelé Bond. James Bond". 
On peut imaginer de nouveaux films "fantasmés" par le personnage comme des "contes" sur l'univers de James Bond. Après tout, pourquoi pas si le résultat est à la hauteur, avec une véritable réflexion, ou vision novatrice pour la saga. On peut penser à des "one-shots" très differents les uns des autres, avec des scénarii, des formats et des réalisateurs divers.. 

Reprendre à la suite de la chronologie "classique" avec le personnage originel (après Brosnan avec Meurs un autre jour en 2002)

Une hypothèse avec des perspectives intéressantes. Pourquoi pas avec un James Bond d'expérience, vieillissant avec des clins d'œil aux premiers films (avec on peut toujours rêver des références à Tracy la défunte épouse de l'espion, à la mutilation de Leiter dans Permis de Tuer. On peut aussi rêver à un retour de Pierce Brosnan ou de Timothy Dalton dans le rôle ! ) ou comme expliqué dans mon premier point, l'introduction d'un nouvel acteur sans explication à la "old fashion way**" just "like old times" *** qui s'incorpore de fait après Meurs un autre jour et exclu la "saga Craig" considérée comme un arc narratif autonome de 5 films. 

​​​BONUS : Et si chaque incarnation de James Bond se passait dans son propre univers ? (une solution qui réglerait tout)? 

Comme chaque fan le sait, la continuité dans la saga 007 est un sujet "sensible". Comment expliquer la longévité du personnage ? Le changement d'acteur tout au long de la franchise ? Certains évoquent la célèbre théorie du "Nom de Code", idée selon laquelle chaque interprète de Bond reçoit en même temps que le matricule 007, le nom de James Bond. Théorie absurde qui ne tient pas la route une seconde quand on s'intéresse de près aux films. Comment expliquer que si Bond est un pseudonyme, que chaque acteur est perdu tragiquement sa femme et qu'ils aient la même devise familiale par exemple ? Que Blofeld ne reconnaisse pas Bond dans le film de 1969 (film avec Sean Connery), alors qu'ils se sont croisés en 1967 (film avec George Lazenby) ?

Personnellement j'avais jusque là considéré Bond comme un Seigneur du Temps à l'instar du Dr Who sur qui le vieillissement n'a pas d'emprise et qui est capable de se régénéré l'heure venue. Mais aujourd'hui le YouTubeur "Bondien" DutchbondFan a remis ces questions en perspective grâce à une vidéo.

Si tout comme la saga "Craig" qui se déroule dans un univers différent des premiers films, cette situation était en réalité le cas pour chaque acteur de James Bond ? Si au lieu d'avoir 2 univers différents, il en existait en réalité bien plus ? Et que chaque arrivée d'un nouveau comédien dans le smoking était une sorte de "saut quantique" d'un univers à autre ? (théorie qui fonctionne également pour chaque retour de Sean Connery dans le rôle titre. Celui-ci incarnerait une nouvelle version du personnage dans chacun des deux films survenus après 1967, j'y reviendrai plus bas).

On peut trouver cela farfelu au premier abord, mais cette théorie expliquerait un grand nombre d'incohérences présentes dans la saga:

Elle inclurait les films hors série de 54, 67 et 1983 expliquerait le rajeunissement de Bond avec Timothy Dalton après la période Moore, plusieurs Blofeld en cours de franchise (et des problèmes de continuité d'un film à l'autre), un "supporting cast" different en fonction des ères, le retour de certains acteurs dans des rôles distincts en cours de saga (à ce sujet on peut même imaginer que le Bond de Connery dans les "Diamants sont éternels" n'est pas le même que dans "On ne vit que deux fois" étant donné de son aspect physique très différent de ses précédentes incarnations, le ton "cartoonesque"du film et le retour de Charles Gray cette fois-ci en Blofeld. Sans compter qu'avant le retour de Connery en 1971, d'autres acteurs étaient envisagés. Toutefois si on admet que le Sean Connery des" Diamants sont éternels" est le même Bond que" On ne vit que deux fois",  cela fonctionne aussi car la scène pré générique se passe au Japon et dans cette optique on peut juste supposer que dans sa continuité Connery traque le chef du SPECTRE au Japon depuis plusieurs années, qu'il n'a pas souffert de la mort de sa femme car Tracy n'est pas du tout mentionnée au sein de ses films. Quant à M. Anderson déjà joué par Charles Gray dans "On ne vit que deux fois", on peut imaginer de celui-ci n'est qu'un des futurs doubles du Blofeld du film de 1971).

Autres exemples qui pourraient appuyer la théorie d'univers parallèles : les rappels des films de Sean Connery dans le film de Lazenby, le brisage de 4e mur dans ce même opus, le remake d'"Operation Tonnerre" avec" Jamais plus jamais*", où d'avoir Judie Dench en "M" dans deux continuités etc. 

Et si l'on va encore plus loin dans cette théorie, on peut imaginer que les différents James Bond et leurs collègues ont eux aussi connaissance de leurs doubles ainsi que de ces différents univers, ce qui expliquerait la phrase de Lazenby "Ce n'est jamais arrivé à l'autre" au début de son aventure, l'apparition de l'Aston Martin de "Goldfinger" dans "Skyfall", la référence au stylo explosif de "Goldeneye" par "Q" dans le même film ou la découverte l'Aston Martin V8 de "Tuer n'est pas jouer" dans "Mourir peut attendre". Ces clins d'œil seraient en réalité comme des cadeaux des différents Bond à leurs homologues pour les aider de leurs missions, ou comme des passages d'un univers à un autre. 

Après tout comme l'explique la vidéo, on admet bien pour "Batman"," Spider-Man" ou les " Tortues Ninjas" et pour d'autres icônes de la pop-culture, que celui-ci se passe dans un univers distinct, quand une nouvelle version nous est proposé, alors pourquoi ne pas faire de même pour le plus célèbre espion du monde ? Chaque acteur a vécu des aventures similaires aux autres avec quelques variations dans sa propre réalité.

Et aujourd'hui alors que nous voyons l'industrie du divertissement sous le prisme du multivers, pourquoi ne pas adhérer à cette nouvelle théorie qui pourrait mettre tout le monde d'accord ? 

Personnellement, j'y adhère totalement. 

​​​Dans tous les cas, "Bond 26" arrivera tôt ou tard (et si on adhère à la théorie avec un nouvel acteur et son propre univers) et nous verrons bien ce que cette nouvelle aventure nous réserve.

PS : Une autre théorie suggère que les 20 premiers films de la saga sont issus de l'imagination de Madeleine lorsqu'elle parle de son père à Mathilde. Une théorie qui signifie que Daniel Craig fut le seul "vrai" James Bond et que Swann en a fait un personnage plus flamboyant et héroïque. Une théorie qui est également crédible. 

Pour "Bond 26. D'après le peu d'informations officielles dont le public a connaissance, le film se tournera à coup sûr dans les prochaines années, mais quand c'est un mystère... Les producteurs recherchent plutôt un acteur trentenaire qui devra s'engager sur 10 à 12 ans. 

Après tout comme disait John Glenn (réalisateur des "Bond" des années 80) à l'époque : selon lui, l'avenir de la saga se situait dans le remake des premiers films. 

Dans une ère de reboots, de remakes, de sequels, cette idée serait une piste à suivre avec pourquoi pas la possibilité de sortir de nouveaux films plus respectueux du matériel d'origine, les romans de Ian Fleming. Peut-être aura t-on un jour une nouvelle adaptation plus "livresque" de Vivre et Laisser Mourir, L'espion qui m'aimait (dont le film de 1977 n'a conservé que le titre), Moonraker ou encore On ne vit que deux fois ? 

Dans tous les cas, une chose est sur : James Bond reviendra. 

Valentin DELPEYROUX - Tous droits réservés 

*la théorie du "multivers" peut être appliquée avec "Jamais plus Jamais". Ce Bond version Connery de 1983 n'est vraisemblablement pas le même que celui de "Dr No" à "On ne vit que deux fois" et que celui des "Diamants sont éternels". Commes exemples, "Algernon" remplace "Q" dans cette version et ce Bond vieillissant, "sosie" de Connery revit la mission de "Opération Tonnerre" avec un autre Blofeld, un autre Largo, une autre Domino etc. 

**à l'ancienne 

***comme au bon vieux temps 

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